Voeux 2021

En Afrique de l'ouest où j'ai passé mon enfance, on me disait lors d'une éclipse que le chat était en train de manger la lune et qu'il fallait faire beaucoup de bruit afin de lui faire peur et qu'il lâche la Lune et la laisse illuminer de nouveau.
Je n'ai jamais vérifié la véracité de cette histoire car elle m'avait été raconté par mon père et que je voulais la garder intacte.
A quelques jours de cette nouvelle année 2021, cette histoire a refait surface et j'ai imaginé qu'il serait intéressant de symboliquement chasser l'obscurantisme de 2020 afin d'attirer la lumière. De faire un tas de bruit afin d'exorciser l'année qui s'achève. Ces bruits, vous imaginez bien que je les entends comme des tas de rires, des éclats de joie, des poussières de bonheurs qui s'immiscent dans les plus petits recoins de nos existences.
Les rituels ont surement permis durant des siècles des passages de l'ombre à la lumière, de la mort à la vie, de l'enfance à l'adolescence., de la défaite à la victoire, de la guerre à la paix, plus que jamais ce passage doit être marqué...

Honorons avant son arrivée 2021 en faisant « comme si » le meilleur était déjà là...
J'entends le martèlement des rires comme autant de résistance à 2020 et un appel à la joie pour 2021.
Le rire est puissant pour ce qu'il génère dans nos corps et ce qu'il exprime dans les sociétés. Il a été de tout temps le stratagème pour faire passer les messages les plus graves et les protestations les plus profondes.
Face aux multiples confinements le rire s'est instillé sur la toile de façon virale : les humoristes, les faiseurs de calambours, les animateurs de Yoga du Rire ont offert maintes occasions de rire, de lâcher les tensions, de diffuser de la joie dans les corps et dans la société.
Si Marx avait eu tort et si l'opium des peuples était le rire ? Le rire face à l'impuissance, le rire comme de la résignation, le rire comme sas de décompression afin d'éviter le pire, le débordement.
Comme la nature humaine aime l'ambivalence (et sûrement les paradoxes), les mêmes rires nous permettent de baigner dans des hormones bénéfiques, autant d'endorphine, dopamine, noradrénaline pour « changer la chimie » de nos corps et ainsi modifier la teneur de nos pensées et finalement...nos comportements. Le rire comme de la joie, comme du partage, comme de la gratitude.
Il ne peut y avoir de colère et ni de fureur avec des rires ! Reste de la sublimation...de la créativité...un sentiment de communion. Oui ! Car pour que cela marche il faut rire, mais rire ensemble !
Elisabeth Feld nous enseigne à « Dire bonjour à nouveau », nous sommes dans un autre cadre, celui du deuil, celui de la résilience...Est-ce réellement un autre cadre ? N'avons-nous pas aussi besoin de réapprendre ce que l'on se dit après s'être dit bonjour afin de se dire bonjour à nouveau ?
A l'aube de cette nouvelle année, laissons derrière nous, chassée par nos rires l'année passée. Je me permets d'emprunter son expression à Elisabeth Feld et de proposer de se dire bonjour à nouveau !
